Interview de C. Saout (CISS): « Le plafonnement des remboursements optiques sera contre-productif »

Publié le 22/05/2014

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Administrateur et ancien président du CISS (Collectif interassociatif sur la santé, qui regroupe les principales associations de patients), Christian Saout milite depuis 20 ans en faveur des usagers du système de santé. Ce porteur de lunettes assumé nous livre son point de vue de représentant des patients sur les dossiers chauds du secteur de l’optique. Extraits de notre interview exclusive, à découvrir en intégralité dans le prochain numéro de L’Opticien-Lunetier.

 

Le plafonnement des remboursements optiques vous paraît-il une mesure pertinente pour les porteurs de lunettes ?

Le gouvernement croit peut-être à la magie vertueuse du décret. Le plafonnement des remboursements n’est pas une technique de fixation des prix. En outre, nous n’avons vu aucune étude d’impact démontrant que cette mesure fera baisser les tarifs des opticiens. C’est une rustine de plus sur le système de santé, qui ne modifie rien dans le fond. Cela ne fera pas non plus baisser le prix des complémentaires santé, que l’on achète de plus en plus cher pour qu’elles complètent moins qu’auparavant. C’est invraisemblable !

 

Quelles seront donc, selon vous, les conséquences de cette mesure ?

Elle ouvrira la porte à un nouveau marché, celui de la sur-complémentaire. On est en train de tuer le principe même de mutualisation. Le plafonnement des remboursements sera au final contre-productif, car il affectera surtout les classes moyennes.

 

En début d’année, la loi Le Roux autorisant les mutuelles à monter des réseaux de soins et encadrant ces dispositifs a été adoptée. Votre opinion sur ce texte ?

Concernant le prix des lunettes, les réseaux de soins perdent tout leur intérêt avec le plafonnement des remboursements sauf si les réseaux apportent une garantie de qualité quant à la qualité des prestations des professionnels conventionnés. Mais, une fois encore, il n’y a aucune démonstration ni aucun engagement.

 

La loi Hamon adoptée en début d’année vise à faciliter l’achat de lunettes et de lentilles par Internet. N’est-ce pas choquant d’avoir intégré des mesures relatives à la santé dans une loi sur la consommation ?

Soyons réaliste : dans la santé, il y a aussi un aspect « consommation ». Chez l’ophtalmologiste, on paye pour une prescription de lunettes, et je ne vois donc pas pourquoi le praticien refuserait d’indiquer l’écart pupillaire sur l’ordonnance de son patient comme la loi Hamon l’y oblige. Par ailleurs, les produits de santé et les dispositifs médicaux deviendront de plus en plus des produits « technologiques » impliquant d’autres règlementations que celles de la santé au sens strict.

 

Dans ce contexte, êtes-vous favorable à un désengagement de la Sécurité sociale sur l’optique ?

Non. Le CISS est favorable à ce qu’au contraire, l’Etat s’engage davantage dans la prise en charge des équipements correcteurs. La Sécurité sociale devrait dire qu’il y a un prix acceptable pour une paire de lunettes, et rembourser cette somme.

 

Lors de notre entretien, Christian Saout a développé ces arguments, et s’est exprimé également sur la vente en ligne d’équipements optiques, l’opacité des complémentaires santé, leurs frais de gestion ainsi que sur les protocoles de coopération entre ophtalmologistes et opticiens. L’intégralité de l’interview sera publiée dans L’Opticien-Lunetier n°680.

 

 

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