Exclu. La formation en optique, vecteur de réinsertion de jeunes détenus

Publié le 06/01/2015

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En exclusivité pour la presse professionnelle, L’OL [MAG] s’est rendu à la maison d’arrêt des Hauts-de-Seine, la seule prison française qui propose à ses détenus de suivre une formation en optique-lunetterie au sein de son centre scolaire.

 

C’est une première en France : le centre scolaire de la maison d’arrêt de Nanterre a ouvert cette année une formation en optique-lunetterie, à l’issue de laquelle les participants passeront le diplôme intermédiaire (ex-BEP) pouvant mener au Bac Professionnel OL. Huit détenus y sont inscrits. « Nous avons proposé cette formation à ceux qui possèdent un niveau correspondant à celui d’une seconde générale, et nous y constatons beaucoup d’assiduité », explique Sylvie Pare, directrice du centre scolaire de la prison. Pourquoi l’optique ? « Parce que c’est un secteur porteur et que nous privilégions des filières qui offrent des débouchés », ajoute Jimmy Delliste, directeur de l’établissement.

 

Une cellule transformée en atelier

Samir suit les cours de cette formation, à temps plein, depuis la rentrée. « C’est le centre scolaire qui me l’a proposé, et j’ai tout de suite accepté », raconte le jeune détenu, qui a déjà obtenu son DAEU (diplôme d’accès aux études universitaires) en 2013. Ce qui lui plaît le plus ? La fabrication de montures. « Ce sont les mathématiques, le français et la physique qui me donnent le plus de difficultés, mais je m’accroche car ça me plaît vraiment », confie-t-il. Une ancienne cellule a été transformée en un atelier doté de cinq meuleuses à main et d’une meuleuse numérique, et équipé notamment avec l’aide du lycée Fresnel, de Lissac et d’Hoya. C’est là que se déroulent les cours techniques, qui font l’objet de consignes pointilleuses : à l’issue de chaque enseignement, tous les élèves doivent remettre l’intégralité de l’outillage utilisé, qui est pointé pièce par pièce afin que personne ne puisse l’emporter et le détourner de son usage. « Ce sont ces règles de sécurité qui ont permis à la formation d’être validée. Elles sont primordiales et les détenus se montrent très responsables sur ce point », souligne Sylvie Pare.

 

Futurs étudiants en BTS OL ?

Le centre scolaire, qui propose de nombreuses autres formations spécialisées ou générales, affiche un taux de réussite de 100%. « Ce qui me frappe, c’est surtout la motivation, la force de la volonté de ces personnes en décrochage, qui vont au final parfois bien au-delà que les autres à l’extérieur », souligne Chantal Zelmati, inspectrice de l’Académie. « Ces diplômes, c’est une revanche sur notre vie passée. Avant, nous étions tous en marge avec l’école. Ici, on apprend que c’est quelque chose de magique qu’on n’aurait jamais pensé faire », révèle un jeune diplômé.

Parce qu’il y a une vie après la détention, la maison d’arrêt de Nanterre pousse ses élèves à poursuivre leurs études après leur sortie. Ainsi, un accord a été conclu avec le Greta des Yvelines (et bientôt avec celui des Hauts-de-Seine) pour que les participants à la formation optique-lunetterie puissent passer le Bac professionnel, voire le BTS OL. Samir entend bien suivre cette voie : « je veux en faire mon métier, et j’aimerais qu’un employeur me donne ma chance malgré mon passage en prison », espère-t-il.

 

Pour sa formation en optique-lunetterie, le centre scolaire de la maison d’arrêt de Nanterre recherche des dons : matériel, montures, verres de stock… Contact : Sylvie Pare – 01.47.29.75.75

 

 formationoptiqueprison

Sylvie Pare, directrice du centre scolaire de la maison d’arrêt des Hauts-de-Seine, et Jimmy Delliste, directeur de l’établissement, dans l’ancienne cellule transformée en atelier d’optique.

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